Hôtels, restaurants, loisirs, les voyageurs dépensent. Nous allons voir maintenant quels sont les pays qui vivent le plus du tourisme et qui souffrent donc particulièrement de la pandémie. Vous voyez la carte de la part du tourisme dans le PIB de chaque pays, plus la couleur est foncée, plus le tourisme représente une part importante de la richesse. À l'échelle de la planète le secteur touristique représente en moyenne 10% du PIB mondial et 10% des emplois. Mais pour certains pays, l'Espagne, l'Italie, le Maroc, la Tunisie, le Mexique, la Chine et l'Australie notamment, la manne touristique est plus importante encore. Pour d'autres, elle est vitale : Cambodge, Philippines, Grèce, Géorgie, Islande, par exemple. Et pour certains micro-états du Pacifique, de l'océan Indien ou des Caraïbes, le tourisme est parfois l'unique source de devises.
On l’aura compris, le tourisme est devenu aujourd’hui un secteur clé de l'économie mondiale, pour le meilleur et pour le pire, notamment pour le climat. Le tourisme représenterait en effet 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et bouleverse bien sûr les paysages, particulièrement comme on va le voir en bord de mer. Intéressons-nous à ces côtes qui au fil des ans ont été aménagées pour accueillir les touristes sur tous les continents.
Au Mexique par exemple, touristes nationaux et Américains se bousculaient jusque-là sur les plages qui bordent le pays à l'ouest, sur le Pacifique, comme à l'est, sur le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes. Sur la péninsule du Yucatan, haut lieu de la civilisation maya, la Riviera Maya, au sud de Cancun, offre ainsi un paysage de 130km où s'alignent resorts et hôtels avec piscines et spas, désormais déserts à l'heure de la Covid-19. Ce gigantesque complexe balnéaire, qui a été construit dans les années 80 sans aucune préoccupation environnementale, a subi de plein fouet les effets de la pandémie et se retrouve sans perspective de reconversion.
Les massifs de montagnes sont également des zones hyper fréquentées. Apparus dans les Alpes, les sports d'hiver ont aujourd’hui conquis les pays que vous voyez ici sur la carte. La Chine par exemple, a développé des stations dans les provinces du nord du pays et autour de Pékin depuis une vingtaine d’années. Avec la perspective des JO d'hiver en 2022, les Chinois urbains de moins de 40 ans se mettent au ski, un marché qui a de beaux jours devant lui avec l'augmentation du pouvoir d'achat. Sauf qu’en Chine comme ailleurs, le changement climatique menace à terme montagnes et sports d'hiver.
Au Népal tout proche, l'afflux de dizaines de milliers d'alpinistes venus ces dernières années gravir l'Everest, le plus haut sommet de l'Himalaya à 8848m, est déjà un désastre écologique. La route vers le toit du monde est devenue une autoroute touristique et le parc national de Sagar Matha, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, est envahi de tonnes de déchets et d'excréments laissés par les expéditions qui sont pourtant censées les redescendre. Mais l'octroi des permis de monter, vendus entre 5 000 et 11 000 dollars par expédition, est devenu un revenu essentiel pour l'État népalais, l'un des plus pauvres au monde.
Les villes enfin se battent pour attirer les touristes du monde entier grâce à leurs musées, leur patrimoine architectural ou leurs grands magasins. Vous voyez à présent sur la carte les 20 villes les plus visitées au monde en 2018.
Prenons l'exemple de Paris, une des capitales les plus courues de la planète. Les 19 millions de touristes venus y séjourner en 2018 ont concentré leurs promenades sur quelques grands axes du centre, les incontournables Notre-Dame de Paris, Louvre, musée d'Orsay, tour Eiffel, Champs-Élysées et Montmartre. Mais pour le logement, l'arrivée d'Airbnb a complètement changé la donne. C’est désormais, tout le territoire parisien, vous le voyez, qui est ouvert à la location de courte durée. Cette omniprésence des touristes dans le centre-ville crée des effets pervers, conflits de voisinage, concurrence avec les hôtels et hausse des loyers. Ces problèmes sont partagés par de nombreuses villes européennes. Ainsi, Berlin a partiellement interdit la plateforme de 2016 à 2018, et Barcelone a connu des manifestations anti-touristes avant la pandémie. À la demande de 22 cités, dont Barcelone justement, mais aussi Paris, Amsterdam, Munich, Helsinki et Florence, une législation européenne devrait être adoptée en 2022.